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Sommes nous tous égaux face à la prise de parole ?

Dernière mise à jour : 10 juin

Après 10 ans dans la grande distribution, j’ai décidé de me reconvertir dans l’animation d’événements professionnels, sportifs et associatifs. Alors que je me lance dans cette nouvelle carrière, je suis souvent étonnée des réactions lorsque j’annonce que je veux faire de la prise de parole en public mon métier. Du côté de mes proches, pas trop de surprise, ça leur apparaît plutôt comme une évidence. Après des années de spectacles plus ou moins réussis que mes cousins et moi leur avons imposés à toutes les réunions de famille pendant des années, ça ne les étonne pas beaucoup de moi. 


Mais pour d’autres, dont la première réaction est de se mettre à ma place, j’ai parfois l’impression de leur annoncer que je me lance dans une carrière de parachutiste … sans parachute. Et je comprends en partie leur réaction quand je pense que moi, jamais, on ne me fera sauter d’un avion en mouvement avec comme seul filet de sécurité un grand morceau de tissu et quelques ficelles. Pour moi, la scène a toujours été ma zone de confort, le micro mon accessoire préféré. Petite, il m’arrivait de jouer à interviewer des gens ou me faire interviewer. Quand j’ai réalisé que je pouvais en faire mon métier et vivre de ça, j’ai eu l’impression d’avoir découvert un nouveau code pour se faciliter la vie dans les Sims.  


Et pourtant récemment,  en formation, j’ai découvert une  statistique qui m’a interloquée : 41% des gens auraient plus peur de prendre  la parole  devant un public que de mourir (Christophe André, Psychologies de la peur, Ed. Odile Jacob, 2004). Plus largement, d’après le très réputé Wikipédia, 75% de la population aurait peur, à différents degrés, de prendre  la parole en public.  


Je vous présente la glossophobie


Cela m’a poussé à me demander si cette peur était innée ou apprise ? Et spoiler : comme souvent, c’est un mélange des deux. Alors comment expliquer cette peur panique ? Tout d’abord, j’ai appris qu’elle avait un nom: la glossophobie. Ensuite, j’ai donc vite compris au fil de mes lectures, qu’il n’existait pas de consensus sur l’origine de cette phobie. Elle résulterait de facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux combinés. Elle serait, dans notre cerveau, une réaction à une situation perçue comme un danger à laquelle on répond avec notre instinct le plus archaïque: fuir ou lutter.

Cette impression de danger serait liée à l’une des autres grandes peurs dans le tableau des pires peurs de l’être humain: la peur du jugement. Parler devant un public donnerait “Une illusion de transparence”: inconsciemment, on aurait l’impression que le public peut voir à travers nous et deviner toutes nos pensées et nos peurs (Savitsky & Gilovitch, 2003). J’ai toujours pensé que cette peur de parler en public peut être intimement liée à des traits de caractères comme l’introversion ou l’extraversion. Ce trait de caractère, qui, lui serait génétique. Il est lié à un gène (le D4DR si vous voulez avoir l’air très intelligent à votre prochain dîner), qui serait plus long chez les extravertis. Mais au fil de mes lectures j’ai compris qu’être à l’aise avec la prise de parole allait plus loin qu’être simplement extraverti. La preuve en est: 75% de la population n’est pas introvertie (n.b: si vous aimez comme moi avoir les infos jusqu’au bout => la vraie réponse est 40% d'introvertis, tout autant d’extravertis et 20% de la population qui est un peu des deux). Il faut donc admettre qu’il existe également une part d’acquis et d’environnement familial, social,.... Si vous avez, comme moi, une grande famille, oser prendre la parole est aussi une sorte d’instinct de survie, car il faut savoir se faire entendre dans tout ce joyeux brouhaha. A l’inverse, si votre famille, vos enseignants ont rapidement éteint vos ambitions de devenir un grand artiste en coupant court à toutes vos tentatives créatives, difficile de développer cet aspect de votre personnalité. 


Autant de gens que de peurs… et de solutions


Et si nous ne sommes pas tous égaux face à nos peurs devant un public non plus, les facteurs externes n’agissent pas de la même manière pour tout le monde. Pour beaucoup l’appréhension peut monter en fonction de la taille du public, mais l’inverse peut être tout aussi  vraie (Finn, 2007). Le même phénomène existe avec le degré de connaissance du public (Harris, 2017). Et je suis heureuse de découvrir que je partage cette impression avec de nombreuses personnes: il est bien plus terrifiant pour moi de parler devant 4-5 personnes de mon entourage que d’animer un événement devant 300 inconnus. 

L’enseignement de tout ça est qu’il est bien sûr impossible de trouver UNE solution miracle face aux peurs dans la prise de parole. Il est important de commencer par comprendre les facteurs qui impactent cette anxiété pour pouvoir les travailler de manière ciblée. 


La prise de parole, c’est bien sûr un muscle qui se travaille. Parfois si on ne le fait pas pendant longtemps, on peut même perdre un peu la main. Mais comme le vélo, ça revient assez vite. Les différentes méthodes pour vaincre sa peur de prendre la parole en public feront l’objet d’un post plus développé, il est tout de même important de déconstruire quelques points.


Commençons par “l’illusion de transparence”. Parfois, face à des situations de stress, notre cerveau accepte comme plausible des projections complètement irrationnelles: parce que vous êtes sous un spot, le public ne va pas miraculeusement deviner toutes vos pensées. Si vous avez déjà assisté à une scène où un public lit dans les pensées de l’animateur, écrivez moi pour me le raconter, mais j’en doute! Il est donc important de vous le dire, à voix haute si besoin avant de monter sur scène, le public ne peut pas lire dans vos pensées. Au pire, ils détecteront peut-être un léger malaise au début de votre prise de parole, mais rappelez-vous que l’humain est doté d’empathie, leur première réaction sera plutôt d’espérer que vous allez y arriver que d’espérer vous voir échouer. 

Une autre peur qui peut arriver est celle de faire quelque chose d'irrationnel, comme se mettre à dire toutes ses pensées à voix haute, ou décider de faire la roue pendant un blanc. Comme lorsque l’on vous dit que quelque chose est interdit ou dangereux et que vous avez peur de le faire sur un coup de folie. Bonne nouvelle, ce phénomène a un nom aussi car vous n’êtes pas le seul à qui ça arrive : la phobie d’impulsion est très répandue à différents niveaux et il faut savoir que l’on n’agit jamais sur ces impulsions. Vous pouvez donc vous retirer ça de la tête également.

Enfin, pour revenir sur cette peur du jugement que l’on peut ressentir, elle est normale et humaine. Mais mettez-vous à la place du public, que vous dites-vous lorsque vous voyez une personne en difficulté sur scène ? Avez vous un jugement très négatif ou une bouffée d’empathie pour cette personne qui a osé monter sur scène pour partager son message? Pour l’écrasante majorité c’est la deuxième option, et entre nous, doit-on vraiment se soucier de l’opinion des gens qui sont dans la première catégorie? J’aurais tendance à dire que non. La confiance en soi est bien sûr un vaste sujet, qui se travaille toute la vie. Mais apprenons à donner plus de poids aux compliments qu’aux reproches, à l’avis des personnes qui veulent nous voir réussir qu'à celui de ceux qui veulent voir tout le monde échouer avec eux. 

Pas plus égaux que pour nos compétences en course à pied

Pour conclure, et répondre à la question qui m’avait intéressée initialement, non, nous ne sommes pas tous égaux face à la prise de parole. Que ce soit des facteurs innés ou acquis, nous n’avons pas tous la même réaction face à un micro. Comme pour énormément de disciplines dans la vie, on ne naît pas avec les mêmes prédispositions. Et encore heureux, car c’est quand même la  diversité qui rend la vie intéressante. 

Et pourtant, c’est un sujet important, car, pouvoir faire passer ses idées et que son point de vue soit entendu sont des choses clés dans la vie. Comme souvent, il existe une inégalité entre les hommes et les femmes aussi dans la glossophobie. Ces dernières sont plus touchées par ce phénomène et c’est une compétence qui se révèle souvent importante pour évoluer dans le monde de l’entreprise. L’important reste donc souvent de ne pas laisser nos barrières nous empêcher d’exprimer notre plein potentiel. Et oui, votre voix tremblera peut-être un peu au début, et vous buterez sur un ou deux mots, mais respirez un grand coup et exprimez-vous. Le public a envie de vous réussir, pas échouer, alors: faites vous confiance. Et si personne ne vous le dit avant que vous arriviez sur scène ou devant votre public, c’est moi qui vous le dis: Ce que vous avez à dire mérite d’être entendu!


PS : Si vous organisez un événement et cherchez une animatrice qui sait rassurer les timides, les accompagner et les aider à choisir les bons mots pour exprimer leurs idées avec clarté et authenticité, parlons-en !

 
 
 

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